La suite de la journée est un long toru noir pour Jean. Il essaye de s'évader par tout les moyens chimiques possibles. Mais il doit être fort. Fort pour Rébecca, elle est la femme de son meilleur ami, autant dire la famille. Son sens des responsabilités l'aide à tenir comme il peut. Il doit tenir, tenir pour elle. Il étouffe, ne trouve plus d'air, son coeur se compresse de plus en plus, il court pour essayer d'aller plus vite que la vie, plus vite que ce monde, plus vite que lui. Il essaye de fuir et pour la toute première fois de sa vie regarde ce ciel d'un rose bleuté et prie. Il implore Dieu, lui jure de l'honorer s'il lui donne la force de soutenir Rébecca. Il prie de toutes les forces qui lui restent comme si sa vie en dépendant, il prie bien plus fort que ça à vrai dire, il prie comme si la vie deNathan en dépendait.
C'est le lendemain, le vingt huit octobre, un jour qu'il n'oubliera jamais non plus, qu'il a vu son meilleur ami dans ce sous-sol. L'endroit ressemblait à un bumker, des murs vides de béton gris. Trois mètres sur deux. Un lit d'hôpital. Tout plutôt que de regarder dedans. Nathan était là , les draps de l'hôpital cachant avec trop peu de pudeur son corps nu. La sonde urinaire se balançait en dessous des barres métaliques hoizontales du lit. Le visage de Nathan se crispait à mesure que la poche se remplissait. Il était enchainé à ds dizaines de fils. Fils reliés à des seringues, fils reliés à une potences lui déversant continuellement trois poches de liquide transparent dans les veines, fils reliés à des machines sonnantes, fils reliés à des machines dessinatrices. Des courbes, des sons et ce bruit strident qui le fait paniquer avant qu'un médecin n'arrive, remplace une énorme seringue et reparte. La porte reste ouverte et ne laisse aucune place à l'intimité. Nathan a l'air si fort dans ce lit, ses muscles dépassant du drap. Bien trop fort pour abandonner, bien trop fort pour quitter ce monde. Jean s'approche et parle à son meilleur ami, à son frère. Il le rassure, lui dit qu'il s'occupera bien de sa femme. Il pleure. Une fois. Une seule fois. Il lui dit de s'accrocher, lui raconte des blagues pour garder un peu de dignité devant ce spectateur invisible. Mieux vaut se montrer insensible que de pleurer. Il doit devenir un véritable roc. Pour tout le monde.
Les règles de l'hôpital sont strictes. Deux heures de visite en début d'après-midi, deux heures le soir. C'est peu et beaucoup à la fois. Nathan est devenu très peu doué pour faire la conversation depuis quelques temps. Cela faut une heure que la visite du soir est terminée. Jean erre dans les couloirs de l'hôpital, le cerveau vide, le coeur vide mais de plus en plus compressé tout ça complétant admirablement une vie vide. C'est à ce moment là qu'elle apparait, à ce moment là qu'elle change tout, à ce moment là ...
Une femme s'approche de lui et lui demande ce qu'il fait là . Elle est magnifique. Jean veut faire le malin, n'importe quoi mais ne surtout pas lui montrer ce qui lui arrive. Il invente une histoire d'ongle incarné et ils se mettent à parler, plusieures heures. Il veut remonter du trou où il se trouve pour elle, lui montrer qu'il est fort et la conquérir. Il veut tomber dans ses bras et pleurer et qu'elle le sauve, qu'elle sauve sa vie, son monde et il sait déjà qu'elle en est capable. Au bout de trois heures la jeune interne l'informe qu'il devrait être parti depuis longtemps. Jean n'est pas d'accord, il ne peut pas s'en aller comme ça. Il ne devrait absolument pas être parti d'ici depuis longtemps. Nathan devrait être réveillé et lui devrait passer sa vie avec elle. Jean prend une inspiration :
"Je ne partirai pas avant d'avoir ... un rendez-vous !
Aurélie rit. Sûrement un bon point pour Jean. Elle a le sourire le plus merveilleux au monde et son rire est le son le plus beau qu'il est jamais entendu. Encore plus beau que la musique de Vangelis dans Les chariots de feu. Il lui demande son numéro de téléphone, dans un nouveau sursaut d'audace.
- J'attendais que tu me le demandes."
Jean a un sourire jusqu'aux oreilles. Son coeur se remet à battre et se remplit, son cerveau se remplit. Tout ce qu'il est, tout ce qu'il a se remplit d'elle. Il ressent à nouveau. Et la douleur prend place à côté de l'espoir et de l'amour qui n'a pas eu besoin de plus de quelques heures pour êre présent à jamais.