welcometomymind

sortez du troupeau

Mercredi 28 mai 2008 à 7:46

           Le printemps et l'été avait chassé les cinquantes degrés en dessous de zéro. Il faisait un temps magnifique et il n'avait jamais trouvé la ville aussi belle. Cela faisait deux mois qu'ils étaient ensemble ici. Il n'avait jamais autant aimé de sa vie. Même pas par ses parents, même pas par Nathan.

         Elle était arrivée là, un beau matin. Il sortait de son cours et il l'avait vu. Il croyait rêver comme les apparitions de Nathan, qui n'était jamais revenu depuis le 24 décembre. Mais elle le prit dans ses bras en disant " Je t'avais dit que je te retrouverai au bout du monde mais je ne pensais pas avoir à le faire". Et là, tout était devenu évident pour Jean, sa vie se mettait en place, il voyait un avenir, un futur, une vie et de l'espoir.

        Ils venaient de rentrer d'un dîner au restaurant pour fêter les deux mois de son arrivée ici. Jean ferma la porte, mit une main dans la poche, un genou à terre et ouvrit un petite boite en la regardant droit dans les yeux.

       Tout était évident à présent ...

                                           - FIN -

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crapulerie publiée par Céline

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Mercredi 28 mai 2008 à 0:45

         La France n'avait pas changé. C'était le réveillon et, perdu dans ses pensées, les yeux vaguement dirigés vers la tombe de Nathan, une rose noire à la main, Jean se demandait s'il allait rendre une visite à l'improviste à ses parents. Après tout, avec l'aide de Nathan, il c'était plus ou moins reconstruit et se sentait assez fort pour les voir.

        Il commençait à s'avancer vers la tombe quand il la vit. Elle était plus belle que jamais, et bien que sa seule envie ait été d'être plus près d'elle pour toujours, il arrêta sa marche et ne bougea plus jusqu'à ce qu'elle se soit totalement éloignée de son champ de vision. Il déposa la rose sur la tombe et entendit Nathan à ses côtés "Espèce d'idiot tu me prends pour une fille à m'offrir des fleurs au lieu de lui courrir après ?". Jean ignora cette remarque et rentra chez lui. Il prit place à la table du réveillon et tout se passa avec un naturel absolument surnaturel. Il n'avait jamais quitté cette maison et on l'attendait évidemment pour réveilloner. Jean se demandait depuis combien de temps on l'attendait comme ça.  Personne ne lui posa de question, sur aucun sujet. Après le repas, Jean monta dans sa chambre et Nathan l'y rejoind. "On en a passé de bons moments, pas vrai ?". Nathan avait raison sur toute la ligne, les photos accrochées au mur étaient là pour le prouver. Certainement les meilleurs moment de sa vie.

         " Il est temps d'en repasser d'autres et des meilleurs Jean.

           -- Pas tout de suite. J'ai encore besoin de toi. Et on passe de bons moments, là, tout les deux, non ?

         -- Je reste avec toi, tu crois quoi ? Mais il y a un seul problème, je suis mort. Il est temps que tu repasses d'autres moments avec des gens vivants. Avec elle.

         -- Je ne veux plus qu'on parle d'elle."

         Nathan dût se vexer car il ne dit plus rien, et son image devint evanescente.

         Jean ne voulait pas assister Ã  l'ouverture des cadeaux devant le sapin, ni expliquer ça à ses parents. Il détacha une photo de Nathan de lui avec leur copine de colonies en train de se donner un air de charmeur, sortit discrètement de sa chambre descendit les escaliers et prit le chemin de l'aéroport sans que personne ne le remarqua. Jean passa les premières heures de Noël, en l'air à penser  à elle et à se demander pourquoi Nathan ne revenait pas. Il regardait la photo en souriant pendant les sept heures de vol.

          De retour dans sa chambre, il accrocha. Nathan lui manquait de plus en plus et une même question tournait dans sa tête : "Pourquoi je ne lui ai pas parlé ?".

crapulerie publiée par Céline

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Mercredi 28 mai 2008 à 0:13

               C'était le mois d'octobre. Les cours avaient commencé. Il avait d'abord eu du mal à tout comprendre entre l'accent et les expressions made in Québec mais il les utilisait maintenant avec facilité et commençait même à prendre une petite pointe d'accent quand il parlait. Il avait à présent beaucoup moins de temps pour se promener sans but précis mais il avait conservé sa promenade du soir.

             Tout allait bien pour Jean jusqu'à ce fameux jour, il y a de cela deux semaines. Il prenait tranquilement des notes à son cours d'histoire de la philosophie. Il leva la tête et au lieu de voir son professeur à la chair parler de Descartes, il apperçût Nathan lui dire avec un faux accent québécois "Alors mon meilleur ami, on m'a déjà oublié ?". Jean se retint de justesse d'hurler un "Non !" effrayé qui l'aurait inmanquablement fait remarquer. Il cligna simplement des yeux, son coeur transperçant sa poitrine et revit son professeur. Il était soulagé mais une impression réellement désagréable persistait.

           Depuis, il le voyait tout les jours. Au départ le fantôme du passé prenait une allure de meilleur ami vengeur lui reprochant l'oubli mais Jean lui avait tout expliqué et Nathan avait compris. À partir de là, ils s'étaient mis à discuter plus calmement, comme avant. Nathan le chambrait quelques fois mais ce n'était rien de méchant. Un sujet les opposait encore et toujours. Que faisait Jean si loin d'Aurélie ? Ils étaient fous l'un de l'autre depuis le premier jour, c'était évident. Alors pourquoi ne l'avait-il pas gardé près de lui . Une réponse égoïste revenait sans cesse dans la tête de Jean "À cause de toi". Mais Jean gardait ça pour lui. Il n'y croyait pas vraiment de toute façon. Ce que disait Nathan le travaillait : pourquoi donc n'était-il pas avec Aurélie ?

crapulerie publiée par Céline

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Mardi 27 mai 2008 à 23:48

               Jean était assis sur un banc. Il regardait les gens et les écureils du parc passés devant lui. Il entendait le bruit des chevaux de la garde montée et d'une calèche juste derrière son dos, au-delà des limites du parc. tout avait l'air si différent de l'autre côté de l'océan. Joli lieu commun, et pourtant, c'était vrai. Sa douleur ne l'avait pas quitté mais personne ne pouvait savoir ce qui lui était arrivé ici. Il pouvait sourir de temps en temps s'il en avait envie et il avait même le droit de ne pas y penser durant tout une minute.

            Tout avait été si simple. Il était simplement sorti de sa fac et c'était directement rendu à l'aéroport pour prendre le premier vol pour Québec. Il se chargerait des formalités administratives par courrier. Quelques minutes après le décollage, il regarda par le hublot, observa la mer et se sentir libéré. Il allait là où personne ne le connaissait, là où il pouvait recommencer et repartir à zéro. Commencer une nouvelle vie.

           Sa nouvelle vie avait plutôt bien commenc. Arrivé à Québec, il avait immédiatement contacté sa fac pour les échanges. Il était ensuite allé dans une association d'aide aux étudiants étrangers pour trouver un logement, après deux nuits à l'hôtel, il avait trouvé une chambre. À présent tout était réglé comme du papier à musique. Il se levait assez tôt, allait courir dans le parc, rentrait prendre son petit-déjeuner et prendre une douche. Avant le repas, il allait faire une partie d'échec dans le parc avec des inconnus auxquels il commençait à s'habituer. Il mangeait à l'extérieur, en se promenant dans la ville, en essayant de trouver de nouveaux lieux, de nouveaux magasins. Au bout d'un temps qui pouvait varier de deux à trois heures, il trouvait un endroit agréable et s'installait pour lire jusqu'à ce que la lumière du jour diminue. Là, il rentrait chez lui, se préparait à dîner et ressortait se promener dans la nuit naissante, juste avant que le soleil et ce coin de ciel bleu au loin, déjà bien rouge, n'abandonne la bataille. C'était le moment de la journée qu'il préférait et il était persuadé que cette couleur là possédait des vertues thérapeutiques. Il lui suffisait de sentir cet air particulier, ce petit vent tendre, et de voir cette couleur dans le ciel pour que toutes les tensions qui l'habitaient s'évacuent d'elle-même.

                Et le lendemain tout recommençait de la même façon. Il avait toujours détesté la monotonie mais là, il avait besoin d'une stabilité qu'il n'avait plus depuis bien longtemps, oui qu'il n'avait peut-être jamais eu.

crapulerie publiée par Céline

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Mardi 27 mai 2008 à 22:57

            Les mois s'étaient enchaînés sans que Jean ne réalise quoi que ce soit. Il avait vécu dans la nébuleuse d'un autre système solaire. Il avait l'apparence d'un homme ayant dormi sans la rue pendant plusieurs semaines. Ses yeux portaient des marques qui sans doute ne s'en iraient jamais, ils étaient gonflés et avaient constemment l'air humides, même si un doigt passé sous la paupière forçait à se rendre à l'évidence. Ils étaient à la fois inexpressifs et remplis de toute la souffrance du monde. Son visage comportait de petites rides par endroit et on pouvait voir quelques cheveux blancs, présents bien trop tôt dans la chevelure d'un jeune étudiant.

           Il évitait les gens, ne décrochait plus son téléphone, lisait à peine ses sms et n'y répondait jamais. Cela faisait six mois, depuis l'enterrement, qu'il n'avait pas vu ses parents. Il n'était pas devenu spécialement mysanthrope mais, au fond de lui, il voulait s'enfermer dans sa souffrance, être sur de ne pas oublier, comme si c'était possible ... Mais le mec effondré et vulnérable ça en avait ému au moins une. Carole ne cessait de l'appeler, de lui écrire, parfois même elle se retrouvait sur le pas de sa porte. Il était totalement indifférent à toutes ses tentatives pour le récupérer.

         Il se sentait étouffé, tout lui faisait peur et tout l'opressait. Il se complaisait dans cette douleur qui l'amenait jusqu'à la souffrance physique. Il commençait à se demander, parfois, dans des sursauts de lucidité, combien de temps il pourrait rester en vie comme ça. Mais après tout est-ce que ça avait réellement une importance ? Il l'avait perdu. Il pouvait se passer n'importe quoi dans sa vie à présent, il l'avait perdu et il ne reviendrait jamais. Tout cela avait-il encore un sens ? Sa vie à présent n'étaient qu'une longue comédie qu'il jouait en avançant dans le brouillard. Les contours des choses, des sentiments et de l'existence devenait vraiment flous pour lui et il ne voyait même plus la frontière qu'il pouvait y avoir entre sa vie et sa propre mort.

       Il avait passé les derniers mois entre son appart, la fac et la bibliothèque. Le travail était devenu sa seul obcession et Aurélie son seul lien avec la civilisation, leurs conversations téléphoniques, leurs lettres, leurs e-mails. Elle était la seule chose qui le rattachait encore au monde. Elle avait quelqu'un dans sa vie, et là aussi, difficile de savoir s'il était jaloux ou s'il lui était vraiment impossible d'encore ressentir quoi que ce soit ... Elle avait peur pour lui, elle le connaissait trop bien. Il était vulnérable avec elle, il se rendait compte que les choses pourraient être différentes. Elle insistait pour le voir, s'assurer qu'il allait bien. Il s'y refusait obstinément, il allait pas bien du tout, il n'était même pas sur qu'elle le reconnaitrait et il avait peur d'elle.  Peur de réaliser combien il avait besoin d'elle et qu'il suffirait d'un geste, d'un mot, pour que sa vie change et reprenne un sens, pire encore, de réaliser qu'il suffisait qu'elle existât pour que sa vie garde un sens et qu'il soit encore là.

        Les mois s'étaient enchainés sans que Jean réalisa quoi que ce soit. Il avait vécu dans la nébuleuse d'un autre système solaire. Les caprices du calendrier l'obligeaient déjà à redescendre sur terre et à revenir à la réalité. Il se trouvait devant le panneau d'affichage de son immense fac. Il avait attendu toute une semaine pour être sur d'être seul à ce moment là. L'heure de vérité. Qu'avait donc donné sa seule obsession ? Il chercha des yeux la ligne des S, il était allé trop loin ... Virly ... Socquard ... ça y est, il y était enfin ! Simon Jean. Ses yeux filèrent tout au bout de la ligne pour voir sa moyenne. Il écarquilla des yeux qui n'avaient fait que rester mi-clos durant tout ces mois, il vérifia la ligne ... c'était bien sa note. 16,02. Mention très bien. Toutes les portes lui sont ouvertes, il peut avoir une bourse de mérite s'il en a envie et des recommendations sûrement.

      Jean s'éloigne en trainant des pieds ...

crapulerie publiée par Céline

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