Arrivé à destination, il ouvre la porte de l'appartement dont il possède désormais la clef. Il prend une couverture posée sur le canapé, recouvre Rébecca endormie, ramasse les mouchoirs trempés de larmes qui trainent tout autour et les expédie à la poubelle. Il prépare le dîner pour deux personnes et une fois qu'il a fini réveille Rébecca. Ils mangent en silence. Peu de temps après après, c'est immanquable, Rébecca s'effondre et éclate en sanglot. Jean doit souvent la porter jusqu'à sa chambre et attendre qu'elle se calme et s'endorme avant de repartir.
Bientôt deux mois que sa vie c'était ça. Saleté de période. Saleté de période. Saleté de réveillon. À peu près à la même période, il y a un an, il lui annonçait son mariage et voilà qu'il était dans un lit d'hôpital à ne pas bouger depuis bientôt deux mois. Stupide coma et stupide méningite qui l'avait plongé dans un sommeil dont il n'était pas sorti depuis bientôt deux mois. Stupide vie qui le rendai absent au milieu de sa famille pendant les fêtes de Noël.
Jean avait mis son téléphone sur vibreur pour ne pas perturber le repas du réveillon mais l'atmosphère était lugubre. Il regarda discrètement sous la table le texto qu'il avait reçu, Aurélie "Désolé de te déranger en plein repas. Je sais pas exactement ce qu'il se passe mais tu devrai t'arranger pour venir." Jean se lève, prononce ces simples mots "C'est Nathan" et se précipite dehors.
Arrivé à l'hôpital, Aurélie le prend immédiatement dans ses bras "je suis désolée". Jean n'arrive pas à y croire. Les pensées se bousculent dans sa tête. C'était dur ces deux mois mais il aurait continué longtemps comme ça, il aurait pu y arriver, il en était capable et Nathan aurait fini par guérir. Les larmes coulent sans même qu'il s'en aperçoive , des larmes qu'il a tellement retenue pour les autres. Sa gorge se rétracte et se contracte à une vitesse furieuse. Il a envie de crier mais tout reste à coincer dans cette gorge qui ne cesse de s'agiter. Son estomac se retourne, il se dégage violemment des bras d'Aurélie qui se sent de plus en plus impuissante, et se précipite vers les toilettes une main sur la bouche. Son estomac totalement vidé, il regarde son reflet brouillé par les larmes dans le miroir des toilettes. Il se tient de toutes se forces au lavabo pour ne pas tomber mais tout son corps est agité de spasmes et il s'écroule. Il pleure, pleure comme jamais il n'a pleuré, il hurle sans la moindre retenue, son corps lui fait mal, il ne trouve ni les battements de son cœur ni sa respiration. Il panique, cherche de l'air. Aurélie arrive. L'entoure de ses bras. Sa main lui caresse les cheveux. Elle pose la tête de Jean tout contre elle. Jean ferme les yeux.