Encore une fois je me dis qu'il y a des endroits où même les mots ne peuvent aller. Car les mots sont partagés par tous. Dès qu'on communique, on rejoind le reste de l'humanité. Il y a des moments que je ne voudrai qu'à moi, sans mots, sans aucun lien avec le reste de l'univers. Dès que nos sentiments, nos pensées, nos souffrances deviennent mots ils perdent de leur intensité puisque se met en place un partage de ce qui avant ne pouvait être compris que de nous même (et encore)...
Est-ce possible de ne pas exprimer ce qui nous travaille tant, ce qui nous fait monter les marches lentement, insérer cette clé les épaules basses sans aucune envie de se retrouver seul avec soi-même et ses pensées? Est-ce possible d'exprimer cette douloureuse transition, cette crainte et tout ces incompréhensibles sentiments sans étiquettes sans leur faire perdre leur force? Et peut-on risquer qu'à travers des mots mals utilisés nos larmes ne se voient pas? Peut-on accepter qu'en nous lisant, ce soit avec ennui sans ressentir l'échéance du manque qui nous habite entièrement?
Bien sur que non...
Et on souffre de devoir garder tout ça pour soi, la faute à notre incapacité de réellement bien s'exprimer, avec des mots qui contiendrait entièrement l'essence de l'objet exprimé... Si je pouvais trouver les bons mots, je pourrai partager, partager avec le reste du monde, ce serait moins dur, car je saurai que je ne suis pas seule et que au moment où ils liront les mots que j'écris, ils ressentiront exactement la même chose que ce que je ressens moi à l'instant où j'écris.
On reconnait les vrais artistes à ça. A leur capacité à faire rire toute une salle de cinéma, dans le monde entier, avec la même image, à faire pleurer des gens séparés par des milliers de kilomètres avec la même note, à nous mettre en colère avec le même mot, nous faire peur ou nous déranger avec la même teinte d'ombre ou de couleur, le même trait de crayon...
J'aimerai être un " vrai artiste", peut-être incompris ( ne brisons pas les stéréotypes...) mais au moins ils savent partager jusque dans leur incompréhension...