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sortez du troupeau

Mercredi 2 avril 2008 à 2:04

          " - Waouh ! Jean, ta coiffure ! J'aurai peut-être du préciser qu'en sortant de ton lit tu devais aussi te coiffer.
          Jean n'accorda pas d'importance à la remarque et sourit en se disant que sa coiffure était totalement décalée ; aujourd'hui, il voulait être le mouton noir.
          - On va où ?
          - Là où nous mèneront nos pas !"
          Il adorait ce genre de remarque, l'insouciance de ne rien prévoir. C'était beau ; le privilège des gens vraiment libres. Il sourit en regardant Nathan, il était heureux de l'avoir trouvé sur son chemin un jour celui-là, c'était son meilleur ami, il l'aimait et ça ça ne changera jamais, pas de "passe" entre Nathan et lui, jamais. Toujours rester amis. Ils marchèrent longtemps dans le froid, leur pas laissant des traces sur la neige. Ils étaient dans un parc avec de nombreux sapins et des enfants sculptant des bonhommes de neige boulimiques.
          " - Ça fait combien de temps qu'on se connait maintenant toi et moi ?
             Jean fût interloqué par cette question. A moins d'avoir eu une crise d'amnésie soudaine, Nathan savait très bien depuis combien de temps ils étaient amis.
          - Ça doit faire sept ans et trois mois maintenant. Ce qui fait que dans seulement quatre ans on aura passé plus d'années dans notre vie en étant amis que sans se connaitre.
             - Oui, ça commence à être sérieux entre nous. Je pense que je devrai te présenter à mes parents.
          Jean partit dans un grand éclat de rire.
             - Excellente idée. Tu sais quoi ? On devrait même organiser un grand dîner entre tes parents et les miens. Ah mince, j'suis désolé on a déjà fait ça !
             - Tu fais quoi pour nouvel an ?
             - Je sais pas encore. Une fête quelque part avec toi, on verra bien ! Pourquoi tu as quelque chose de prévu toi ?
             - A vrai dire, oui.
             - Quoi ?
             - Un super truc pour toi et moi.
             - Oui mais quoi ?
             - T'es sur de vouloir venir ?
             - Bon tu me dis ce que c'est !
             - OK, t'énerve pas ma poule ! A nouvel an, ou plutôt pour la Saint Sylvestre, avant de fêter la nouvelle année, j'aimerais que tu danses à mon mariage. Et j'aimerais que tu sois mon témoin et mon garçon d'honneur. Pour te résumer la situation tu as quinze jours pour m'organiser une fête géniale pour mon enterrement de vie de garçon.
             - A nous les stripteaseuses !! Et sérieusement on fait quoi pour Nouvel an ?
             - Je me marie, Jean, le 31 décembre. Je tiens à ce que tu sois à mes côtés ce jour là. S'il te plait. Et je l'aime elle, je ne veux pas de stripteaseuse, prends en pour toi si tu veux et amuse toi.
             - Attends, Nathan, t'es sérieux ?
             Ses beaux yeux noisettes toujours rieurs et éclairés pas des éclairs de malice devinrent soudain graves.
             - Oui!
             - Waouh ! Toutes mes félicitations !
             Jean avait crié et donnait à présent l'accolade à son meilleur ami se fichant pas mal du monde qui les entourait.
             - Alors tu acceptes d'être mon témoin ?
             - T'en as d'autre des questions aussi bête ? Evidemment ! C'est un honneur que tu me fais !
             - Merci."
             Ils continuèrent leur marche en silence quelques instants avant qu'il ne fasse tout deux de grands projets pour l'événement. Il faisait déjà nuit noir quand ils se décidèrent à rentrer. Jean fût invité à dîner chez Rébecca et Nathan. En les voyant là, il lui revint en mémoire que c'était lui qui les avait présentés et en ressenti soudain une grande joie.

crapulerie publiée par Céline

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Mercredi 2 avril 2008 à 1:39

          A peine assoupi qu'il entend le bruit du vibreur sur le bureau. Il roule sur le côté en grommelant, regarde l'écran et sourit. Nathan pense à lui, il n'est pas seul.
          " - Salut.
             - Salut c'est Nathan.
             - Je sais, plaisante Jean, il y a ton nom qui s'affiche quand tu appelles.
             - Ah oui, j'aurai peut-être du éviter cette nouvelle teinture, je sens déjà ses effets.
            - Bah, pour ce que ça change ! Jean s'amuse toujours de ce genre de joute verbale que seul deux vieux amis peuvent se permettre.
             - Moi aussi je t'aime ! Bon à part ça, sort de sous ton lit, enfile un pantalon et soit prêt dans dix minutes, je viens te chercher on va faire un tour.
             - Jean réplique en faisant la fine bouche, qu'est-ce qui te fait croire que je suis dans mon lit d'abord ?
               - Parce que je te connais ma poule ! Arrête de discuter bouge-toi un peu, j'arrive et je veux plus t'entendre !
               - Ce sera tout chef ? "
             N'ayant pas de réponse, Jean comprit à la vue de son écran que Nathan était déjà en route et avait décidé de ne pas lui laisser le choix.  C'était bon et troublant, tout de même, d'avoir quelqu'un qui nous connaisse à ce point. Il rejeta loin sa couette sur son lit, mit une musique entrainante pour se réveiller et enfila son jean qui trainait par terre. Il alla ensuite à la salle-de-bain, mouilla ses cheveux, emplit ses mains d'une bonne quantité de gel et les passa dans ses cheveux en secouant dans tout les sens. Le résultat était plutôt effrayant, il ajusta quelques mèches pour ne pas trop faire peur aux passants. Il avait un bon air de rebelle qui s'en foutait complètement de sa tête : c'était parfait ! Quoique il manquait quelque chose ... Il repassa dans sa chambre et échangea son jean contre un bon vieux baggy. Là, il était vraiment à l'aise et avait exactement le style qu'il recherchait. Il posait la main sur sa première Vans quand la sonnette retentit. Il avança à cloche pied jusqu'à la porte tenant son autre Vans à la main et appuya sur le système d'ouverture.

crapulerie publiée par Céline

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Mardi 1er avril 2008 à 20:05

          Il jette son sac dans un coin de sa chambre, balance son blouson mi-saison, un début de décembre extrêmement clément lui permettant ce caprice vestimentaire, pose son portable sur son bureau. Il lance la télécommande de sa chaine hi-fi en l'air, la rattrape au vol en mettant en route le cd qu'il a écouté le matin, un bon rock alternatif dans les oreilles, il se prend un verre de coca à la cuisine et s'affale finalement sur son lit, les yeux vagues en regardant le plafond "Je crois que je suis amoureux". Il tourne la tête et voie la photo de celle qui a partagé sa vie pas plus de quelques jours ; définitivement, Jean n'aimait pas les "passe".
             Il sent son cÅ“ur battre fort dans sa poitrine, fort, et tout déchirer. Il court, il est en retard comme toujours, il va louper la séance de vingt deux heures. Il est nerveux, il doit la voir ce soir, peut-être même qu'il lui paiera le cinéma.
             Mardi à nouveau. Dans l'amphi de droit privé, il relit ce texte, il ne voit plus le rage against the machine, il est trop fatigué, trop pensif. Elle lui a pris la main au cinéma et ils ne se sont plus parlés depuis. Il s'est défoulé avec ses anciens copains de lycée et de sa ville natale tout le week-end. Il lui manque tous mais il aime la vie qu'il a ici, malgré les cours, il a son appartement et lui seul décide de ce que sera son emploi du temps, de l'heure où il va rentrer. Finalement, ça peut être pas mal le changement. Mais on y perd toujours en y gagnant, fait comme il est ça peut être dangereux ; il laisse des bouts de lui à chaque recoin de sa vie, combien de temps encore jusqu'à ce qu'il ne  reste plus rien du tout et qu'il finisse par disparaitre ? Le cours a commencé depuis trente deux minutes, la grande horloge lui hurlant qu'il ne reste plus que vingt huit minutes à passer ici, et il se décide enfin à ouvrir son sac, sort une feuille, ouvre sa trousse y saisit un stylo et recopie le texte, il y réfléchira plus tard. Le cours terminé, il rentre chez lui, Magali et Manu n'ont pas le temps de déjeuner avec leurs vieux amis, trop de boulot. Nathan déjeune chez les parents de sa copine, mettant Jean face au vide de sa vie. Quant à Carole, elle était malade ... malade ? Nathan affirmait l'avoir vu sur le campus. De toute façon, elle le fuyait c'était certain. Et Jean se retrouvait là, seul et paumé. Chez lui, sous la couette à regarder la neige tombée du fond de son lit. La météo c'est comme sa vie : les choses changent si vite. Il se torture en regardant sa photo. Il va mal, vraiment. Se tourne et se retourne dans son lit, il se sent seul, extrêmement seul. Quelques fois, dans ces instants de faiblesse, il nourrit le désir secret de rentrer chez lui, de retourner dans son foyer, entouré de ses parents, de gens qui sont là, tout le temps. De rejoindre tout les autres qui n'ont pas quitté leur vieille ville de naissance, l'endroit où ils ont grandi... Revenir au lieu de tout ses souvenirs, retrouver son enfance, son innocence, sa vie. Et peut-être qu'ils ne se seraient jamais quittés, jamais eu toutes ces disputes. Elle lui en avait tellement  voulu de  prévoir de l'abandonner. Il n'avait pas été aussi fort qu'il aurait du l'être, il n'avait pas eu les épaules pour, tout c'était passé si vite, il avait totalement dépassé pour les événements mais quelques fois encore il y pensait et avait des regrets. Il ferme les yeux et tente de dormir, il est constamment épuisé, totalement décalé ; il sait déjà que ce soir, il ne se couchera pas avant trois heures du matin. Il aimerait bien ne serait-ce qu'une journée avoir un rythme de vie que son corps puisse supporter, ça lui ferait du bien.

crapulerie publiée par Céline

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Mardi 1er avril 2008 à 14:34

          Son sac négligemment rejeté sur l'épaule, Jean se dirigea avec des amis vers le McDo le plus proche à seulement deux minutes de la fac. Il commande la même chose que tout les autres, satisfait d'ajouter sa pierre à la société mondialiste, à la société capitaliste et à la société de (sur)consommation. Il s'installe avec ses quatre copains venus d'horizons différents ; Nathan en droit avec lui, Manu faisait médecine pour la deuxième année, le rêveuse Carole commençait à angoisser pour son année de lettres - un petit pli au niveau du front se dessinait maintenant régulièrement sur son joli visage - et enfin la brillante Magali faisait son chemin à science-po.
          Ils parlent politique, cinéma, musique, bouquins, syndicats étudiants, de leur vie sentimentale, de leur vieille amitié, des soirées à venir et des cours aussi. Le temps passe, il est déjà deux heures de l'après-midi, Magali et Manu sont partis depuis un moment déjà. La vie passe, ces cinq là étaient inséparables il y a seulement quelques mois, rien n'aurait pu les séparer et encore moins un emploi du temps qui autrefois les réunissait. Vraiment, Jean n'aimait pas ça. Jean n'aimait pas les "passe", qu'il soit de temps ou de vie. Il aimait les instantanés, l'instant, la seconde qui oscille sans jamais tomber et laisser place à la suivante. Il aimait la magie folle qui gravait les images dans sa mémoire sans que jamais celles-ci puissent changer d'aspect. Vraiment, Jean n'aimait pas les "passe" et il était contrarié car ceux-ci avaient l'air de trop l'aimer, le poursuivant sans relâche tout au long de sa vie. Nathan part, son au-revoir interrompant le cours des pensées de Jean. Carole et lui sont-ils donc les seuls qui n'ont rien à faire de leur vie ?
          " - Tu fais quoi ?
            - J'en sais rien ...., soit, il pourrait rentrer et réviser, histoire que ses parents ne lui ressortent pas le chapitre sur le financement de ses études bien trop couteuses mais finalement il trouverait bien quelque chose de mieux à faire, et toi tu fais quoi ?
             - J'sais pas ... je vais rentrer je pense.
             - Moi aussi alors."
          Les deux derniers des cinq inséparables se séparent donc devant le McDo chacun empruntant un chemin à l'opposé de l'autre "comme leur vie" se dit Jean. Il se retourne pour la regarder s'éloigner, il sourit de la voir, il est triste qu'elle s'éloigne.
          Il marche les mains dans les poches de son jeans, il pense que ça lui donne un air cool, une sorte d'indifférence à la vie, et il adopte, pour compléter ce portrait, une démarche lente et tranquille. Jean observe le monde, ce que ses peuvent voir, son monde. La grue surmontée d'un drapeau, l'eau et les cygnes, le ciel bleu et les mouettes, le pont et les voitures en-dessous, le cinéma, l'horizon et les cheminées d'usine d'une autre ville, le rêve et l'espoir de la trace blanche d'un avion... il raffole de cet instant simple ; le retour. Ces simples images familières qu'ils trouvent belles et rassurantes. Il sourit, sourit et rit, sourit et s'évade malgré le monde qui l'entoure, malgré le bruit des voitures, malgré tout ces vélos qui montent le pont, malgré ces filles qui parfois croisent son regard. Seul compte la bulle dans laquelle il s'est installé à présent. Jean est bien, là, et il se sent libre. Il voit toutes ces choses, qu'il voit pourtant tout les jours, comme un rêve immaculé, où jamais personne n'aurait posée les yeux. Le vent lui caresse doucement le visage, il sort les mains de ses poches, déploie ses ailes, pense un instant à Carole et abaisse ses paupières. Son esprit s'évade de son corps et vole, plus aucune barrière matérielle, il ne trouve rien de mieux au monde que ça. Il aimerait tant avoir la capacité de le faire tout le temps mais ne sont pas rares les fois où le plomb enchaine son esprit à terre. Au bout de vingt minutes de cette marche rêveuse, il est enfin chez lui.

crapulerie publiée par Céline

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Mardi 1er avril 2008 à 13:48

          Cela faisait la dixième fois que Jean lisait et relisait ça. Son cours n'était pas particulièrement passionnant et, installé au fond de l'amphithéâtre, il passait le temps en déchiffrant les inscriptions laissées sur l'immense table par des étudiants ayant connu le même problème que lui. Il s'attarda avec un sourire amusé sur "n'écoutant que son courage, qui ne lui disait rien du tout, il se garda bien d'intervenir", à côté d'un "rage against the machine" rebel fit entrer dans sa tête des images familières.
          On n'est que mardi et voilà qu'il rêve déjà à son week-end; il est entouré de tout ses amis et de tas de gens qu'il ne connait pas, la main pointé vers le D.J les doigts repliés à l'exception de l'index et de l'auriculaire; le signe de reconnaissance du mouvement Punk. En fait, rien à voir avec lui, mais l'habitude de cette boite sur Killing in the name of est de tous faire ce même geste et s'il y va et continuera d'y aller c'est bien pour être comme tout le monde et éviter à tout prix de se différencier. C'est ainsi qu'il s'amuse, tout le monde a le droit de mettre pause sur son cerveau de temps en temps, tout le monde a le droit d'être un mouton. Jean avec son tee-shirt "sortez du troupeau" revendiquait son droit d'être un mouton, ce qui le différenciait peut-être déjà de tout les autres pulls à pattes ...
          Retour au départ : comment être un bon mouton ? Pour commencer, Jean était sur que les moutons ne se posent jamais cette question mais il aperçut la lueur d'une réponse ; peut-être simplement quand il n'y pas plus personne autour de soi à qui être comparé. Et il relu le premier texte qui se différenciait de tout les autres par sa longueur, lui aussi était un mouton se différenciant de tout le reste du troupeau. Ce texte c'était Jean. Mais qui aurait remarqué sa différence s'il avait été le seul sur une table, seul sur l'amphithéâtre, le seul texte du monde entier ? Jean décida donc du haut de ses dix-neuf ans que la norme n'était après tout qu'une série d'exemple plus ou moins nombreux, ni plus ni moins, et qu'elle partait toujours d'un point de vue. Des gens élevés dans une famille très religieuse même si aujourd'hui ce sont eux qui font partie de la minorité trouveront toujours hors-norme d'avoir des enfants hors des liens du mariage, le PACS ou l'IVG, toutes ces choses assimilées et indifférentes pour la plupart des gens. Jean allait louper ses exams, il devait peut-être faire philo, comprendre les choses et réfléchir l'intéressait beaucoup plus que les effets directs du droit communautaire sur le droit interne.
          "Revenons à nos moutons" (il sourit timidement devant ce pauvre jeu de mot), il ne répondait pas à la question. Ce texte était une apostrophe directe, on lui posait une question. Et personne ne pouvait savoir depuis combien de temps cette question était là, attendant un jour qu'on y réponde. Il n'eût même pas le temps de tout relire, de bien placer les idées dans son esprit que déjà le prof remerciait de sa chaire son auditoire d'avoir passer une heure à ne pas l'écouter. Après avoir jeter un coup d'Å“il à l'avant , Jean s'aperçut qu'après tout certaines personnes s'intéressaient peut-être au sujet, ou du moins à leur note semestrielle, car déjà on voyait les élèves en grande discussion avec ce maître de conférence dont quelques bribes parvenaient à l'amphithéâtre par l'intermédiaire du micro qu'il avait oublié d'éteindre, peut-être à dessein ...

crapulerie publiée par Céline

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